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Dernier film de Jack Lee Thompson et dernier épisode d’une trilogie composée de Ten to Midnight et Murphy’s law, Kinjite Forbidden subjects est réalisé comme ses deux frères dans la plus pure tradition Hollywood night. Los Angeles by night inondé de néons, hôtel de luxe et sexe, tous les ingrédients sont réunis pour ce qui constituera également le dernier métrage regardable de Bronson avant que ce dernier n’enchaîne avec un indigent Death Wish 5 et sa série des Family Cops. Si Bronson commence à afficher le poids des années, son rôle
est pour une fois en adéquation avec ses moyens physiques puisqu’au lieu
d’abattre du délinquant par poignée de douze au lance roquettes, il incarne ici
un flic père de famille obnubilé par le respect d’une éducation stricte et dans
le plus grand respect de Jack Lee Thompson réalisé là un film pour le moins curieux et ambigu sur le plan de la morale. En faisant jouer à Bronson un personnage monolithique et réactionnaire (au-delà de ses théories sur l’éducation des jeunes filles, il est accessoirement raciste et ne supporte plus de voir autant d’asiatiques dans son paysage) et en brossant un portrait d’une famille japonaise dont les valeurs semblent tout droit tirées du 19ème siècle, le réalisateur semble très inspiré par la vague de contestation anti japonaise qui sévissait dans les années 80 aux Etats-Unis. Ici, pas de Toyota brulée par des ouvriers du Michigan, mais des japonais qui s’habillent en kimono dès qu’ils sont chez eux, des adolescents à la limite de l’autisme et dont la distraction majeure est de compter sur un boulier, une femme au foyer dont l’objectif ultime est de détendre son mari après une journée de labeur, et un mari forcément détraqué sexuel en raison du carcan dans lequel il vit. Inutile de dire qu’un tel portrait déclencherait aujourd’hui une avalanche de protestations officielles alors qu’à l’époque tout cela devait sembler plutôt normal. La morale défendue est également sujette à caution. Kinjite défend ouvertement l’élimination des pervers sexuels et le maintien des jeunes filles dans le cocon familial afin de leur éviter toute mauvaise rencontre. Pire, Thompson utilisera même la mort d’une jeune fille comme prétexte à remettre ce père de famille japonais dans le droit chemin en lui enlevant toute envie de pratique abusive avec des jeunes personnes. Si l’intention est louable, la pratique l’est moins. On le voit, sur un sujet assez casse gueule, le réalisateur saute à pieds joints dans les clichés et livre un réquisitoire sans demi-mesure en faveur d’un retour à la morale puritaine. Une vision qui s’avère après coup prophétique de l’Amérique actuelle. Reconnaissons toutefois qu’une autre vision moins critique du film est possible. Elle consisterait à l’analyser sous un autre angle, celui d’un sexe devenu tellement tabou dans certaines familles, de par leur religion ou leur éducation, qu’il en deviendrait dangereux à force d’ignorance. Le sort réservé à la jeune fille japonaise résulterait ainsi de sa naïveté et de sa méconnaissance du sexe. Kinjite défendrait alors des valeurs totalement inverses de celles décrites précédemment et en viendrait même à passer pour un film libertaire prônant une éducation sexuelle généralisée et une libéralisation des mœurs qui annihileraient ou minimiseraient l’ampleur des perversions. Cette théorie semble cependant peu défendable. A aucun moment Thompson ne laisse transparaître ce message de liberté sexuelle et semble au contraire se replier sur ses valeurs classiques de protection. L’autre critique majeure qui peut être faite à ce film
concerne l’habituelle hypocrisie consistant à dénoncer la dépravation sexuelle
tout en prenant un malin plaisir à En dépit d’une construction morale plus que discutable, Kinjite n’en reste pas moins très regardable avec des moments particulièrement jouissifs notamment dans les face à face entre Bronson et un Juan Fernandez parfait en proxénète immonde. Boostés par une VF en plein free style, les scènes entre les deux sont un vrai régal. Thompson réussi également à instaurer une atmosphère générale assez répugnante qui ne fait que renforcer la frustration issue du fait qu’il ne soit pas allé au bout de son pari visant à décrire une ville pourrie par la dépravation de toute sorte. Dans les mains d’un réalisateur décomplexé, Kinjite aurait pu être un missile dans le monde du thriller sexuel mais ne reste au final qu’un pétard agréable mais inoffensif. Signe des temps, aussi frileux soit-il, Kinjite n’en demeure pas moins un film infaisable dans l’industrie cinématographique actuelle car au-delà des critiques émises plus haut, le film a néanmoins le mérite d’aborder un sujet scabreux avec une forme et une façon de faire qui lui seraient interdites aujourd’hui. Rien que pour cela, le film est à voir et à apprécier à condition d’en oublier ses dérapages et de se replacer dans l’ambiance unique des eighties (néons, Cadillac avec sièges en sky, brushings et soutien gorge en mousseline). Est-il utile de le préciser pour les habitués de ce site, A noter qu’il existe encore en circulation une édition belge dont le contenu a l’air d’être aussi « riche ». Zone 1, MGM a édité une version bas de gamme qui a au moins le mérite de posséder une BA d’origine. ![]() ![]() ![]() |