QUANTE VOLTE...QUELLA NOTTE (Four Times That Night)

Réalisateur : Mario Bava

Casting : Daniela Giordano, Brett Halsey, Pascale Petit

Année : 1972

 

Section Sexploitation

 

 



Daniela Giordano


Brett Halsey


Pascale Petit









Quante Volte … Quella Notte est indiscutablement une pièce à part dans le cinéma de genre d’une part et dans la filmographie de Mario Bava ensuite. Inclassable, original et étrange, ce film OVNI retrace l’histoire d’une nuit entre un homme et une femme vue par différents protagonistes. Très loin des canevas habituels de Bava, on assiste à une comédie de mœurs qui brosse sans en avoir l’air un portrait particulièrement acerbe et drôle de la société italienne de l’époque. 

Déroutant tant dans le cheminement de l’histoire que dans la forme, Bava réussi à surprendre en permanence le spectateur en l’attirant dans une histoire en apparence vaguement érotique et lourde qu’il va rapidement transformer en une comédie dans laquelle le machisme italien et le catholicisme en prennent plein la figure.

A partir d’une trame épaisse comme un timbre (un homme rencontre une femme dans un parc), le scénario captive grâce à un procédé original consistant à revivre l’histoire vue sous différents angles avec évidemment des points de vue totalement différents.

Sous le couvert de l’humour (le film en est bourré) Bava tourne en ridicule les fondements de la société italienne faisant preuve sur ce coup d’une audace rare pour l’époque. Sorti en 1972 en pleine vague « giallesque », Quante Volte…Quelle Notte est en opposition totale avec le style italien d’alors. Dans un cinéma de genre alors rompu à des stéréotypes ultra calibrés (femmes comme objet sexuel et victime désignée, héros à la fois séducteur né et homme sans peur), Bava utilise ses archétypes et s’en amuse pour mieux les détruire au fur et à mesure de son film.

En choisissant Brett Halsey et Daniela Giordano pour incarner ses deux personnages principaux, Bava rejoint parfaitement l’imagerie populaire du séducteur italien roulant en voiture de sport et draguant les filles dans la rue et de la jeune beauté italienne engoncée dans une morale catholique très forte et étouffée par sa mère. Après avoir posé ces bases, Bava les détruira au fur et à mesure des différentes versions de l’histoire. L’homme passera ainsi progressivement d’un macho violent à un être timide et écrasé par la beauté de son amie pour finir, comble de l’ironie, en homosexuel. La jeune femme subira un traitement identique oscillant entre la fille coincée par sa morale religieuse et la nymphomane bête de sexe. 

A travers cette critique, la libération sexuelle transparaît clairement. Symbolisée par le couple d’amis, elle démontre aussi l’audace du film tant cette libération apparaît ici comme partie prenante de la société italienne et vient en totale opposition avec ses fondements religieux.

Quante Volte…Quella Notte est également un film hautement sensuel grâce à la présence de la sublime Daniela Giordano. Bava, dont l’œuvre entière a toujours suinté l’érotisme, franchit ici une étape totalement assumée avec une histoire tournant essentiellement autour de la sexualité.

Techniquement, le film fait là aussi preuve d’innovation tant dans son procédé narratif que dans la réalisation. Bava donne du dynamisme à une histoire qui s’y prêtait pourtant peu en utilisant des procédés visant à accélérer l’action ou à faciliter les transitions. Ces artifices sans être révolutionnaires contribuent également à l’originalité et donnent du peps à l’ensemble.  

 

Le film n’en est pas moins sans défaut, le point le plus contestable restant probablement sa conclusion et le procédé utilisé par Bava pour asséner une morale douteuse. Non content d’utiliser un pseudo médecin pour nous expliquer que chacun détient sa propre vérité sur un même évènement, le réalisateur (ou les auteurs) se lancent dans une conclusion semi-idyllique semi-réactionnaire qui nous laisse sur notre faim tant le reste était politiquement incorrect. 10 minutes qui ne sauraient toutefois gâcher le plaisir d’un film rare, souvent oublié et qui demeure pourtant l’un des plus intéressants de Bava même si (parce que ?) totalement éloigné de ses habitudes.

 
Pour les habitués de ce site, est-il utile de préciser que le film est porté par la sublissime Daniela Giordano ? Pour les autres, les caps parlent toutes seules tant l’italienne irradie à l’écran. Habillée ou pas, elle hypnotise le spectateur quand bien même elle n’est pas une actrice exceptionnelle. Alors au sommet de sa carrière, elle trouve ici son plus beau rôle de façon assez paradoxale. Souvent utilisée plus pour ses charmes que pour son talent, elle éclate dans un rôle pourtant éminemment sensuel et érotique mais qui lui permet en même temps de démontrer qu’elle est aussi une vraie actrice.

 

Coté DVD, l’édition italienne chez l’excellent Raro Video a l’avantage de présenter en plus de la VO une piste sous titrée en anglais, élément indispensable aux non initiés en italien pour savourer l’humour des dialogues.

Outre atlantique, existence d’une édition chez Image entertainement et d’une autre chez Anchor Bay (dans le coffret The Mario Bava Collection, volume 2). Si les boni sont inexistants dans les deux cas, notons que l’image semble beaucoup plus lumineuse sur l’Anchor Bay (se référer à la comparaison de DVDBeaver pour les intéressés).

Coté Français, le désert est de rigueur et gageons au vu du peu de notoriété du film chez nous qu’une sortie n’est pas à l’ordre du jour.



   
                       Edition Raro Video        Edition Imge Entertainement




CAPTURES



Pour en savoir plus :

Accès aux sections spéciales

    
    Daniela Giordano                Mario Bava


Accès Menu

Accueil Tweeky Online
Sexploitation
Giallo
Horreur
Thriller
Hollywood Night
Actrices
Réalisateurs
Dossiers Spéciaux
Extras
Matchs de stars
Playmates et Stars