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Patrick vive ancora traîne une réputation sulfureuse depuis
sa sortie en 1980. Avant dernier film de Mario Landi dont la carrière dans
l’exploitation aura été brève mais forte avec Giallo a Venezia, pièce maîtresse
du genre réalisée un an auparavant
L’ancien réalisateur TV de Maigret (!) a visiblement
décidé à la fin des années 70 de faire éclater tous ses fantasmes à travers un
passage éclair dans le bis mais qui aura laissé des traces.
Pur produit d’exploitation de la vague fin 70’s, Patrick vive
Ancora s’appuie sur les deux piliers du genre, sexe et horreur, en ne reculant
devant aucun interdit ni tabou. De ce point de vue, le film atteint
parfaitement son but en proposant un agréable divertissement sans temps mort et
qui répond aux exigences du genre.
Le film souffre toutefois d’un défaut énorme inhérent à ce
genre de production, un scénario très léger et dont les seuls objectifs sont
d’exhiber les actrices le plus souvent à poil et d’insérer au milieu quelques
plans gore. Pari réussi pour le premier puisque tant pour Carmen Russo et
Mariangela Giordano, des spécialistes du genre, que pour Patrizia Veneziano,
novice en la matière, leur anatomie détaillée n’aura plus de secret pour
personne
Pour la partie horreur, l’affaire est plus discutable avec
des idées parfois intéressantes mais des effets souvent plombés par le manque
de moyens.
Concernant l’histoire, elle demeure vaguement pompée sur le
Patrick de Richard Franklin, l’aspect psychologique en moins et le coté
érotique en plus : un médecin réunit dans un château des personnes qu’il
estime responsable de l’accident ayant rendu son fils paralysé et se servira
des pouvoirs psycho de son fils pour les abattre. Si le pitch est plutôt
alléchant, le scénario présente des manques énormes donnant l’impression
d’avoir laissé dans les tiroirs des pans entiers d’explication (pourquoi le
fils est-il paralysé ? en quoi ces personnes sont elles
responsables ?...). Les aspects plus fouillés de l’histoire sont eux aussi
simplement effleurés avec notamment les relations entre Patrick et la
secrétaire jouée par Patrizia Veneziano. L’attirance de cette dernière, qui lui
vaudra d’être épargnée, semblait pourtant constituer la clé de voûte de
l’histoire et de son dénouement, elle ne sera malheureusement utilisée que pour
placer une scène semi hard avec la masturbation en gros plan de la dame, scène
à l’origine des coupes dont a été victime le film.
Les obsessions de Landi déjà aperçus dans Giallo a Venezia
sont repris en fanfare avec sa vision bien particulière des femmes et de leur
place dans la société. Si
le brave Mario avait sévi maintenant, nul doute que ses films auraient été
taxés de machisme primaire ce qui semble assez logique au vu de sa peinture
sociale. Admettons que le contexte était bien différent à l’époque, mais sa
description des couples basée sur le tandem Vieux riche – jeune pute peut
prêter à discussion. Bien servie par une distribution adéquate (Russo et
Giordano incarnant l’archétype de la femme vénale et de faible moralité), Landi
en fait des tonnes sur le concept de la femme soumise, bien roulée et accroc à
l’argent de son mari. Il va même plus loin avec le meurtre de Giordano, la
faisant transpercée du sexe à la gorge pour la punir d’avoir été frivole.
Si sa vision a le mérite de servir les intérêts du film de
genre (filles nues et massacrées), elle a de quoi fatiguer à la longue en
donnant également un aspect ridicule au film. Aspect renforcé par des dialogues
fumeux et tout droit sortis d’une production Marc Dorcel.
Si aucun des protagonistes ne mérite une nomination aux
oscars, la distribution est toutefois aux petits oignons pour un tel film. Coté
masculin, Gianni Dei (déjà présent dans
Giallo a Venezia dans le rôle du mari pervers) prête son physique curieux au
personnage de Patrick (avec aucun dialogue à la clé !), Sacha Pitoeff et
sa tête de psychopathe joue le rôle du médecin - père vengeur et Paolo Giusti
dans le rôle du fils solitaire au lourd secret est sans doute le plus sobre.
Partie féminine, c’est du lourd avec deux spécialistes en tête de gondole :
Mariangela Giordano, habituée du genre et du personnage en ancienne pute nympho
qui se désappe pour un verre de whisky et la raffinée Carmen Russo
dont le physique de pouffe absolue va ici à merveille. Patrizia Veneziano
restera elle célèbre pour sa séquence semi X et ne trouvera plus aucun rôle
après cela (lien de cause à effet ?).
Coté curiosité, notons que Mariangela Giordano n’a pas du
être dépaysée deux plus tard en tournant Burial Ground puisque le château qui
sert de décor principal ici semble être le même que celui qu’Andrea Bianchi
utilisera deux ans plus tard.
Edition DVD
MediaBlasters (Uncut Release)
MediaBlasters propose une édition intéressante avec
version intégrale à la clé (fondamentale au vu des coupes qu’a subi le film
dans sa carrière), une qualité très respectable et quelques bonus dont deux
interviews assez étonnantes. La première de Gabriele Crisanti producteur
du film est en fait assez banale mais sans hypocrisie puisque le lascar
reconnaît explicitement que le film a été réalisé dans l’unique but d’essayer
d’amasser quelques dinars et avoue que l’idée de transpercer Mariangela
Giordano par l’entrejambe lui est venue après une dispute avec l’actrice.
L’entretien avec Gianni Dei touche par contre au surnaturel tant le garçon a
l’air totalement à coté de la plaque et pour tout dire pas totalement sain
d’esprit. Expliquant en vrac qu’il n’a jamais été payé pour ses rôles, qu’il
n’a jamais vu Patrick Vive Ancora (qui visiblement ne l’intéresse pas de toute
façon), il enchaîne sur sa situation actuelle se décrivant comme un gérant de
boutique de luxe passionné par la mode pour dire dans la foulée que cela
l’emmerde tellement qu’il va arrêter pour se remettre au cinéma. Là aussi, il
conclu l’entretien en précisant que s’il ne trouve pas de rôles, cela n’aura
aucune importance car le cinéma ne l’intéresse pas…Drôle de personnage qui
prétend par ailleurs être un grand ami de Mariangela Giordano et d’Anna
Veneziano et être en contact avec elles régulièrement, ce dont il est permis de
douter au vu de la santé mentale apparemment fragile de l’artiste. |
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