IMMAGINI DI UN CONVENTO
Réalisation : Joe d'Amato
Année : 1979
Casting : Paola Senatore, Marina Hedman, Maria Rosaria Riuzzi
Section Sexploitation
Avant de se lancer dans l’expérience proposée par ce film, il faut d’abord reposer les bases concernant ce furieux Joe D’Amato. Un des rares réalisateurs à ne reculer devant rien, du post apocalyptique nanar au X pur sucre, D’Amato met en scène avec Immagini di un convento, un grand nombre de ses lubies récurrentes dans son œuvre et bénéficie ici du scénario idéal pour les matérialiser.
Avis aux âmes prudes, Immagini di un convento s’approche plus des extrémités qu’atteint parfois D’Amato et peut être assimilé à un quasi film X, en tout cas dans sa version intégrale, assez éloigné de la nunsploitation catégorie dans laquelle le film a pourtant longtemps été classé.
Le brave Joe n’a peur de rien et se lâche totalement dans cette histoire de nonnes cloitrées dans un abbaye où l’irruption du diable transformera nos religieuses en véritables cochonnes insatiables. Sur un canevas somme toute inoffensif, D’Amato fait parler tout son talent et réussi à transcender un scénario déjà vu mille fois en une expérience unique à réserver aux plus endurcis.
Cette chronique ne tient évidemment que la version intégrale
qui nous gratifie de moments d’anthologie et parfois inattendus : nos
jolies nonnes finiront par se masturber en gros plan et par coucher entre elles
dans une farandole de zooms bienvenus. L’une d’elles imprudemment sortie de
l’abbaye sera violée par quelques paysans dans une scène digne des pires Marc
Dorcel. Le tout entrecoupé de quelques séances mi SM - mi Lesbiennes typiques
de l’esprit créatif de D’Amato.
Il serait toutefois bien réducteur de ne ramener ce film qu’à une succession de scènes classées X, ce qu’il est mais pas uniquement. En effet, D’Amato s’est toujours distingué de la nasse des réalisateurs bisseux par sa propension à aller plus loin que les autres et surtout à totalement ses fantasmes et névroses récurrents. Immagini di un convento doit donc automatiquement s’accompagner d’une deuxième lecture qui permet de vérifier la profondeur (sans jeu de mot) des idées véhiculées dans le film et moins anodines qu’elles n’y paraissent au second degré.
Le rôle de la femme et ses mécanismes sexuels ont toujours tenu un rôle important chez D’Amato, il suffit pour s’en rendre compte de se reporter à son chef d’œuvre Emanuelle e Françoise, le Sorelline. Cette perspective est ici portée à son paroxysme grâce au contexte de femmes par essence peu portées sur le sexe, réunies dans un endroit clos et dont les fantasmes seront libérés brutalement. Le réalisateur explore ainsi tous ses thèmes favoris insistant notamment sur le désir féminin et la tombée des tabous. Il semble important ici de rappeler que D’Amato s’inscrit parfaitement dans la période post-libération sexuelle de la fin des années 70, contexte qui a fortement marqué son œuvre et qui lui aura surtout permis de les mettre en scène via la fin progressive de la censure particulièrement active en Italie.
Tel un Freudien du cinéma, D’Amato y expose sa névrose liée à leur poitrine (par le biais de Paola Senatore) et surtout au mystère de leur sexe caché par leurs poils (chez Marina Hedman et Maria R.Riuzzi), thème récurrent chez lui.
L’expression de ses névroses n’étant pas un élément de réussite suffisant, D’Amato y ajoute ses talents d’auteur et son audace visuelle et conceptuelle. En ne s’autorisant aucune limite, il ne contente pas de flirter avec un érotisme de bas étage mais explore dans tous les sens du terme les méandres de la sexualité féminine le tout grâce au courage d’actrices qui participent pleinement à l’entreprise en se livrant totalement à l’entreprise.
Dans Immagini di un convento, Marina Hedman et Maria Rosaria
Riuzzi font voler tous les tabous et permettent au réalisateur de s’appuyer sur
elles pour finalement énoncer un discours aussi admiratif qu’inquiet auprès des
femmes.
Une œuvre majeure dans la filmo infinie de Joe D’Amato, bien plus gonflée et courageuse qu’elle n’y parait qui positionne le bougre comme un grand réalisateur bien supérieur à la fausse réputation de tâcheron du bis qui lui a longtemps collé à la peau et qui est en fait liée à sa boulimie de travail et ses capacités de touche à tout.
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