VIRUS CANNIBALE (Virus, Hell of the Living Dead)


Réalisateur : Bruno Matteï

Casting : Margit Evelyn Newton, Franco Garofalo,  Gaby Renom, Selan Karay, Patrizia Costa

Année : 1980



Section Horreur


      
L'élégance et la sobriété caractérisent ces quelques modestes affiches




Cette scène est censée être un remake de Dawn of the Dead....


S'agirait-l de Virginie Efira ? Malheureusement, ce n'est
que Patrizia Costa





Quelques stock shots bien utiles


Margit Evelyn Newton


La même vue d'en bas : Le plan nichon le plus gratuit de l'histoire du cinéma


L'ONU selon Bruno Matteï


Des spectateurs cherchant à lyncher Bruno Matteï


Gaby Renom probablement ivre au moment du tournage de cette scène

Difficile de chroniquer Virus Cannibale, qui peut s’apprécier au choix et en fonction des goûts comme l’exemple type de ce qu’il ne faut pas faire dans le bis et dans le cinéma tout court, ou pour d’autres, comme une perle immanquable dans l’univers du nanar.

Virus cannibale est un film qui nécessite d’être vu sous certaines conditions indispensables pour ne pas risquer l’hémorragie cérébrale ou l’explosion de télé à la hache. La plus importante d’entre elles est de ne pas chercher de logique ou de cohérence dans l’histoire. Mattei est là pour fourguer quelques concepts et peu importe le support. Ici, l’objectif clairement affiché est de surfer sur la double vague Zombies – Cannibales et tous les prétextes sont bons pour plagier les classiques du genre y compris un scénario sans queue ni tête dont les enchainements semblent avoir été écrits entre deux plâtrées de spaghetti (tribus contaminées par expérience scientifique et transformées en morts vivants, militaires traînant par là rencontrer tribus et morts vivants).

Le deuxième principe de base revient à faire abstraction de la notion d’acteurs, chose abstraite sous Mattei pour qui l’interprétation est un concept mélangeant l’impro la plus totale avec une nullité abyssale. 

 Réalisé par ce roi bisseux qu’est Bruno Mattei, Virus Cannibale doit d’abord être vu par l’innocent fan de série B comme un infâme patchwork de tout ce qui pouvait glaner quelques dollars à l’époque.

Mattei ne s’embarrasse de détail et commence par pomper dans les grandes largeurs Dawn of the dead et son énorme scène de prise d’assaut par les forces spéciales. Bonne idée se dit le naïf spectateur encore peu rompu aux us de l’infâme Mattei. La redescente sur terre se fait pourtant rapidement au vu du résultat, proprement minable.

Mattei tente lamentablement de reprendre certaines scènes plan pour plan (ouverture sur le gyrophare) mais le fait à sa façon, c'est-à-dire n’importe comment. Les forces spéciales sont en fait 4 brèles en tenue d’agents EDF avec les cheveux de Patrick Juvet (la crédibilité, pilier de la filmo de Mattei !), les preneurs d’otage sont joués non pas par des acteurs mais plus probablement par ce qui semblent être des pizzaiolos au chômage, et surtout il y a la patte du maître.

Filmée comme un épisode des musclés, la scène fait soit rire soit pitié, et démontre surtout le je m’en foutisme de Mattei non seulement en panne d’idées mais aussi de talent. Peu scrupuleux et ne connaissant jamais la honte, le maestro fusille l’esprit originel de la scène de Romero la transformant en une sorte de parodie involontaire où on s’attend à tout moment à voir quelqu’un prendre un sceau d’eau sur la tête en ouvrant une porte ou marcher sur un rateau.

Passé ce somptueux hommage, Mattei décide de transposer toute son équipe de bras cassés dans ce qui ressemble à une jungle. L’intérêt est double : flairant la possibilité de caser tout un lot de stocks shots tirés d’émissions animalières et permettant de plagier en vrac Cannibal Holocaust et Zombie Holocaust, Mattei décide de basculer son film sans aucune explication ni logique de la ville vers la brousse. 

Le changement de décor permet là aussi d’en prendre plein les yeux et de se régaler face à l’art cinématographique qui nous est proposé : troupes d’élite en tenue bleu charrette pour se fondre dans la jungle, équipe de journaliste échappée de TV Breizh, cannibales de carnavals fagotés comme des sacs et zombies maquillés pour la gay pride. Quelques effets spéciaux aux petits oignons pour enrober le tout et l’affaire est bouclée, Mattei peut se fendre d’une nouvelle perle à son actif.

Le film se termine même avec une pseudo morale pacifico-écologique en acier trempé : développer de nouvelles armes est dangereux pour l’humanité. Bruno Matteï a eu tellement honte du résultat qu’il l’a signé sous un des innombrables pseudo Vincent Dawn.

Au-delà de son aspect incompréhensible et totalement incohérent (que viennent foutre ces militaires dans cette jungle si ce n’est profiter d’offres promotionnelles sur les billets d’avions récupérés par Mattei et la prod pour limiter les dépenses ?), Virus Cannibale marque un pas majeur dans la direction (?) d’acteurs en totale roue libre. Comment ne pas rendre hommage à la leçon d’actor’s studio infligée par Gaby Renom et Franco Garofalo qui feraient passer Michaël Youn pour un adepte du théâtre classique.

Coté féminin, retour à du classique avec Margit Evelyn Newton qui en dépit d’un rôle principal réalise l’exploit d’être invisible.

La route vers le nanar s'ouvre en grand grâce au nombre important d'éditions DVD disponibles.








L'objet du délit