EL BUQUE MALDITO (The Ghost Galleon, Horror of the Zombies)

 

Réalisateur : Amando De Ossorio

Casting : Jack Taylor, Maria Perschy, Carlos Lemos, Barbara Rey, Blanca Estrada

Année : 1974

 

Section Horreur


   




Maria Perschy


Barbara Rey et Maria Perschy


Jack Taylor et Babara Rey


Jack Taylor et Maria Perschy


Blanca Estrada








L’avantage et l’inconvénient avec Amando De Ossorio c’est que l’on sait d’avance à quoi s’attendre en regardant ses films et notamment ceux constituant sa période Morts Vivants comprise entre 1971 et 1975. Les ingrédients sont toujours les mêmes et le savoir faire identique seul le décor et le cadre variant plus ou moins. Place ici à un bâteau fantôme errant dans un brouillard épais et hébergeant d’anciens chevaliers templiers rompus aux rites sataniques et désormais transformés en morts vivants assoiffés de chair.

Si la trame ne requiert aucune originalité, elle met en évidences les thèmes chers à l’auteur avec un mélange de gore (ultra soft, faute de moyens adéquats) et d’ésotérisme sauce templiers.

Si l’intention est louable elle est malheureusement ici souvent avortée pour cause de moyens faméliques qui anéantissent une grande partie de l’opération. De Ossorio (comme d‘autres dans son cas) se retrouve donc obligé de jouer sur le ressenti et l’ambiance au détriment du visuel avec un scénario qui à la base ne prête déjà pas à la grande frayeur. Le budget éthiopien dont il dispose force également De Ossorio à limiter au compte gouttes les apparitions de ses fameux morts vivants et surtout à étiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiirer au maximum les scènes les concernant. Le spectacle de 5 figurants avançant moins vite que des paralytiques et mettant 12 minutes à attraper une jeune fille en pleine forme devient vite lassant et laisse une étrange impression de remplissage propre à une production n’ayant pas les moyens de ses ambitions.

Néanmoins, les plus résistants et les plus rompus aux us et coutumes d’un tel exercice de style trouveront de quoi satisfaire leur soif de cinéma bis. Pour peu que l’in y soit réceptif, la distribution d’un De Ossorio tient souvent la route et The Ghost Galleon ne fait exception à la règle. Entre le toujours excellent Jack Taylor et la toujours belle Maria Perschy, les acteurs donnent le maximum et parviennent même à nous faire part d’une conviction pourtant pas toujours évidente. Qui dit bâteau, dit bikini, et donc vision de Blanca Estrada en petite tenue durant une grande partie du film qui offre là aussi d’autres centres d’intérêt aux spectateurs.

La véritable force de ce bâteau perdu réside en réalité dans la vision toujours pessimiste qu’offre De Ossorio de la vie. Oscillant entre cupidité et lâcheté, les protagonistes sont à des années lumières des prototypes habituels et illustrent pleinement l’ambiance d’un cinéma espagnol alors marqué par la noirceur.

À l’image d’un Jorge Grau, De Ossorio livre ici une histoire où toute volonté de s’en sortir est inutile, où la mort est inéluctable. Si le propos ne dégage pas une joie de vivre exceptionnelle, il n’en est pas moins intéressant par le contraste observé avec l’influence italienne d’alors. À un cinéma ingénieux, déluré et parfois déstructuré, l’Espagne répondait par un classicisme détonant (et parfois ennuyeux) et un pessimisme notoire. Quand le giallo est traversé de couleurs vives et se termine généralement sur un happy end, l’horreur made in Espagne offre la plupart du temps des coloris sombres et se clos sur la vision subjective d’un personnage englouti par la nuit et la mort.

Si ce cinéma apparaît aujourd’hui dépassé techniquement et parfois un peu grandiloquent (de par les sujets choisis), il reste passionnant par la vision complémentaire qu’il apporte à la vague d’obédience Italienne. Plus globalement, il est possible d’y voir une analogie avec les deux sociétés alors en plein contraste avec une Espagne en plein Franquisme et sous le joug d’un catholicisme impitoyable alors que l’Italie profitait d’une liberté d’esprit totale. 

Au final, un film intéressant car révélateur d’un style bien particulier, à aborder quand même avec un état d’esprit adéquat et plus proche de l’archéologue bisseux que de la recherche de sensations forte. Et puis Maria Perschy en chemise mouillée, ça déboite quand même sévère.

 

Blue Underground poursuit de façon imperturbable sa restauration des trésors enfouis du cinéma de genre avec ici une image très propre et surtout chose rare chez l’éditeur une piste en langage d’origine et sous titre anglais optionnels bien propices à une bonne compréhension. Le DVD est également chargé en trailers et photos diverses. Du travail de très bonne qualité. Notons que De Ossorio bénéficie chez Blue Underground comme chez Anchor Bay d’une collection particulière (« Blind Dead Collection ») sous forme d’un coffret qui regroupe également Night of the Seagulls, Return of the Evil Dead, Tombs of the Blind Dead et un disque bonus consacré à De Ossorio. En fonction des vendeurs, chaque film reste accessible indépendamment du coffret, pratique pour les bourses peu fournies en Euros.    

De préférence, pour les intéressés, préférez le coffret Blue à l’Anchor Bay, ce dernier présentant une version légèrement censurée de Tombs of the Blind dead. Dans les deux cas, il s’agit néanmoins d’une belle pièce de collection.

 



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