LA MASCHERA DEL DEMONIO (Black Sunday, Le masque du démon)

 

Réalisateur : Mario Bava

Casting : Barbara Steele, John Richardson

Année : 1961

 

Section Horreur



   










Chroniquer le Masque du démon aujourd’hui relève d’une tâche particulièrement difficile, voire impossible, en raison de l’ancienneté du film. Deux options s’offrent à celui qui relève le challenge, soit considérer le film comme génial de par son âge et établir un commandement absolu qui ne tolèrerait aucune opposition, soit l’analyser de façon objective en faisant abstraction des critiques dithyrambiques qui l’accompagnent un peu partout.

C’est bien évidemment la deuxième solution à laquelle nous allons nous livrer ici, la première n’ayant aucun intérêt si ce n’est celui de passer pour un intégriste du cinéma considérant qu’un film ne vieillit pas et qu’un chef d’œuvre en 1960 le reste forcément 45 ans plus tard.

L’analyse du masque du démon est en permanence soumise au supplice de devoir se transporter dans la peau d’un spectateur de l’époque, qualité indispensable pour pouvoir le juger sérieusement. Sous cet angle, le film présente effectivement des qualités indéniables pour son âge.

Narrant l’aventure de deux médecins en Moldavie qui vont provoquer malgré eux la résurrection et la vengeance d’une sorcière brûlée deux siècles auparavant, le masque du démon fait preuve d’une audace évidente tant dans son scénario que dans sa forme. Les histoires de ce genre n’étant pas légion à la fin des années 50, Mario Bava s’aventurait alors dans un genre encore balbutiant, avec les productions de la Hammer, et qui demeurait même pour beaucoup un sous genre cinématographique. 

Sur la forme, Bava enfonçait par contre un véritable pan dans le cinéma horrifique grâce à quelques scènes ouvertement choquantes pour l’époque, des masques cloués au visage à la figure carbonisant en gros plan, il est facile, même aujourd’hui, de constater que Bava allait un peu plus loin que ces congénères dans le style.

Pour le reste, malheureusement, le film est entièrement victime des effets de la vieillesse. On peut toujours faire semblant d’y trouver des tonnes d’ingéniosité pour l’époque, l’objectivité force à reconnaître que l’on parfois l’impression d’assister à du cinéma totalement dépassé. Jeu d’acteurs déclamé et plus proche du théâtre que du cinéma, décor en papier et dialogues qui confinent au ridicule, difficile de trembler d’effroi devant un tel spectacle même si l’intention était au départ louable.

Quelques scènes viennent ajouter une note de curiosité supplémentaire tel ce médecin dans une auberge recommandant fortement à une jeune fille d’obéir à sa mère et d’aller traire une vache ! Allusion aux mentalités paysannes du début du siècle ou métaphore sur les valeurs morales ? le mystère reste entier.

La palme revenant sans aucun doute à Barbara Steele qui si elle a pu faire fantasmer beaucoup d’hommes en son temps, risque fort de laisser les spectateurs actuels de marbre, abasourdis par une composition qui semble tirée d’un épisode de Sissi impératrice et dont la finesse avoisine celle d’un mammouth. Evanouissements soudains, regards tantôt langoureux tantôt apeurés, L’actrice ne passerait pas aujourd’hui le casting d’une sitcom.

En résumé, un film qui n’a pas supporté le passage des années et dont la vision nécessiterait un conditionnement mental impossible au commun des mortels, celui de faire abstraction des évolutions morales et techniques survenues depuis 1960. Evidemment, il ne s’agit pas ici de descendre en flammes un film qui, par essence, ne peut être responsable de son âge et des évolutions qui le suivront mais simplement de nuancer les propos circulant à son sujet et le qualifiant notamment de chef d’œuvre terrifiant. Evoluant en outre sur un genre qui est frappé de plein fouet par les outrages du temps, le masque du démon apparait plus aujourd’hui comme une curiosité ou une pièce de musée qu’il vaut mieux de ne pas toucher et laisser à sa place.    

 
Coté DVD, notre beau pays ne s’est pas foulé avec une édition Films sans Frontières qui fait le strict minimum (film et filmo), édition reprise à bas prix dans une collection Ciné Club qui regroupe également La Fille qui en savait trop et la Maison de l’exorcisme (aka Lisa and the devil) du père Mario.

Les Etats-Unis et l’Italie ont accordé une plus grande attention à ce masque du démon avec des éditions bien fournies en termes de suppléments. Pour les aficionados et férus de préhistoire bissienne.

     




Pour en savoir plus :


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