LO SQUARTATORE DI NEW YORK (L’éventreur de New York - The New York ripper)
Réalisateur : Lucio fulci
Casting : Almanta Suska, Alexandra Delli Colli, Andrea Occhipinti, Howard Ross, Jack Hedley
Année : 1978
Section Horreur

Le vice selon Lucio Fulci
Œuvre majeure dans la filmographie
de Lucio Fulci, lo squartatore di New York a pourtant longtemps été considéré
comme un simple film gore, bien en retrait de ses surestimés L’Au-delà ou Frayeurs. Il n’en n’est évidemment rien et l’éventreur apparait, plus
encore 20 ans après, comme une parfaite vision cauchemardesque de la ville et
de ses névroses.
Articulé autour de 3 thèmes
majeurs, la violence, le sexe et la maladie (engendrant la solitude et le
désespoir), le film lancera (au même titre que le Maniac de William Lustig auquel l’éventreur ressemble à de nombreux
titres) la vague interminable des serial killers des années 80.
Violence
et sexe
La violence est un thème
évidemment majeur du film à travers le meurtre de plusieurs femmes vu
alternativement coté tueur et coté victime. Ces scènes dégagent un degré de
violence rarement atteint à cette époque et conservent encore aujourd’hui un
impact fort.


Les assassinats sont découpés en
3 scènes majeures avec tout d’abord Cinzia DePonti éventrée dans une voiture à
bord d’un ferry, vision subjective du tueur et référence au giallo. Les
premières références sexuelles apparaissent, la fille étant éventrée de
l’entrecuisse à la gorge, détail mentionné gratuitement au cours l’autopsie,
façon pour Fulci d’introduire la notion de vice qui sous tendra tout le film.
Les références
du deuxième meurtre intervenant dans une boîte de strip sont encore plus
évidentes avec la mort d’une femme déchirée au mauvais endroit à coup de
bouteille après avoir joué un spectacle de live sex.
Enfin, le
dernier assassinat concernera une prostituée attachée sur un
lit et massacrée à la lame de rasoir. Après lui avoir tranché un têton, le
tueur lui coupera l’œil en gros plan, référence à la lubie (phobie ?) de
Fulci qui truffe chacun de ses films d’une oenuclation en bonne et due forme,
la présente de par son style étant visiblement un hommage appuyé au chien andalou de Bunuel.


Sexe et déviances
Le personnage d’Alexandra Delli
Colli qui semble en apparence assez secondaire dans l’histoire en est en fait la clé. A travers son comportement, elle
symbolise les déviances de la vie urbaine pourfendues par le tueur. La jolie Alexandra apparaît
pour la première fois dans le film se masturbant en assistant au live sex qui
donnera lieu à l‘assassinat décrit plus haut.
Après un penchant
exhibitionniste, elle assouvira un coté nymphomane en s’offrant à deux voyous
dont l’un s’occupera d’elle grâce à un pied bien placé sous la table.


Enfin,
après avoir assouvi une
envie sado maso, elle sera poignardée et punie par où
elle a pêché (voir le décryptage de la scène
plus bas).
Outre le caractère
particulièrement gonflé que ces scènes donnent au film, elles mettent en avant
le caractère particulier qu’accorde Fulci à une ville comme NewYork. Si le
choix de celle-ci comme théâtre du film a été dicté par des raisons
budgétaires, Fulci enchaînant à l’époque les tournages aux Etats-Unis, il n’en
demeure pas moins que le contexte du film reflète véritablement la vision d’une
ville bouffée par la violence et le sexe présent à chaque coin de rue.
Evidemment, l’ensemble doit être remis dans le contexte de l’époque – fin 70’s
début 80’s – qui ne ressemble plus vraiment à l’existant (revoir le New York, 2 heures du matin tourné par
Ferrara en 82).


Les comportements sexuels sont
également soulignés avec des faits tels que le flic couchant avec une
prostituée ou le psychiatre achetant des journaux gays, informations révélées
sans explication particulière et simplement destinées à mettre en évidence le
fait que tous les protagonistes quels qu’ils soient sont soumis à toutes sortes
de névroses.
Maladie et déviance
Le panel des dérives
comportementales est bouclé avec la découverte de l’identité du tueur et de ses
motifs. Confronté à une petite fille malade et handicapée à vie, l’homme n’en
supportera que moins la vision de jeunes femmes en pleine santé, leur activité
sexuelle symbolisant alors cette envie de profiter de la vie. Fulci en profite pour asséner
un double message : si le sexe et ses dérivés sont indissociables d’une
ville comme New York, il n’en demeure pas moins associé à des personnes saines
de corps et ressort à ce titre comme une déviance au caractère positif. Morale
à rapprocher du contexte de liberté sexuelle de l’époque.
L’éventreur
de New York est
indéniablement un film majeur de l’époque et fait
le lien entre le giallo des
70’s et le gore thriller des 80’s. D'un coté, les
scènes en vision subjective, la voix mystérieuse du
tueur, les rebondissements finaux sur l'identité de ce dernier ;
de l'autre, les canons habituels du gore avec mutilations en
gros plan.
Formellement,
le film rappelle également les débuts de Fulci avec une
multitude de références à ces premières
réalisations dont la plus évidente est celle de la scène du cauchemar d'ALmanta Suska qui renvoie droit à Florinda Bolkan dans A Lizard In A Woman's Skin .
Pour
les fans, jetez vous sur la zone 2 - édition spéciale -
de NeoPublishing qui, outre le remarquable travail de restauration
effectué (comme d'habitude chez Neo), présente
certainement un des meilleurs commentaires audio existant. Mené
par l'excellent Federico Caddeo, Paolo Albieri livre information sur
information sur les méthodes de travail de Fulci, le contexte du
film ainsi que ses aspects les plus polémiques
(l'éventreur ayant notamment été accusé de
pronographie à l'époque). Sans langue de bois, jamais
ennuyeux, Caddeo relançant systématiquement et
intelligemment Albiero, le commentaire ne donne qu'une envie,
celle de revoir le film dans la foulée.
Bonus : le décryptage de la scène S.M. qui se finira par la mort de la superbe Alexandra Delli Colli

Admirez
sur le plan précédent le contraste voulu par fulci : La
main amputée d'Howard Ross
sur le corps parfait d'Alexandra
Delli Colli.