Edité récemment par Néo Publishing dans notre cher pays, Spasmo est un film déroutant à tout point de vue et se place d’emblée comme une pièce majeure du genre.

Film déroutant dans sa narration, Spasmo décrit la machination dans laquelle semble être embarqué un industriel après avoir rencontré une mystérieuse femme évanouie sur une plage. Le film se déroule en deux étapes distinctes, une première qui semble en apparence totalement bancale tant les évènements qui y sont décrits paraissent improbables et peu crédibles. Durant une demi-heure, l’enchaînement des situations fait davantage penser à un mauvais thriller qu’à un giallo travaillé. Passée cette mise en place curieuse, Spasmo entre alors dans une seconde phase totalement différente qui va donner au film un cachet particulier et mystérieux et qui le propulse alors à un niveau inespéré après son début chaotique.

Jouant sur les armes classiques du paraître (miroirs, mannequins, silhouettes), Lenzi brouille les pistes au fur et à mesure du dénouement pour jeter le trouble absolu dans l’esprit du spectateur. Au-delà d’un giallo traditionnel, Spasmo explore les affres des troubles mentaux et des névroses avec intelligence et s’élève au rang envié de thriller psychologique parfaitement réussi.

Lenzi et les co-auteurs du film disséminent tout au long du récit des éléments qui permettent en permanence une double lecture de la part du spectateur : s’agit-il vraiment d’une machination ? Pourquoi ces mannequins féminins sont ils présents dans tous les lieux visités par les protagonistes ?  

Au final, un redoutable mystère dont la résolution fait plus peur qu’elle ne soulage. Loin des schémas classiques, on ressort éprouvés par ce film qui joue sur des rouages complexes et sensibles.

Le véritable point faible du film tient dans son acteur principal, à savoir le fade Robert Hoffman qui ne parvient pas à insuffler les émotions que requerrait son rôle. Dommage car le reste de la distribution est à la hauteur et notamment la trop rare Suzy Kendall dans un personnage de potiche pourtant ingrat. La prestation de Hoffman est d’autant plus difficile qu’il souffre de la comparaison avec Ivan Rassimov royal comme à son habitude. A l’inverse de Hoffman, Rassimov, lui, est un monstre de charisme tel qu’il n’a quasiment pas besoin de dialogues pour exister. On comprend néanmoins le dilemme de Lenzi à qui il était pratiquement impossible de confier le rôle principal à Rassimov tant on voyait mal ce dernier rentrer dans un personnage tel que celui qu’interprète Hoffman.

Spasmo est l’un des derniers Gialli réalisés par Umberto Lenzi (avec Eyeball réalisé l’année suivante) et donne des regrets quant au talent de Lenzi, talent qu’il a le plus souvent gâché par sa boulimie de tournage. Avec un scénario plus travaillé, il prouve pourtant qu’il sait faire lui aussi du bis de haut niveau se rapprochant dans ce cas d’un Sergio Martino.