MALASTRANA (Le Corte Notte delle Bambole di Vetro – Je suis Vivant !)

Réalisateur : Aldo Lado

Casting : Jean Sorel, Ingrid Thulin, Barbara Bach, Mario Adorf

Année : 1971

 

Section : Giallo


 



Jean Sorel


Barbara Bach


Mario Adorf


Ingrid Thulin








Victime du syndrome du titre volant (avec des évocations aussi différentes que Je suis Vivant ! à la courte nuit des poupées de verre), Malastrana (du nom d’un quartier de Prague) classé ici dans la section Giallo est en réalité inclassable et probablement assez unique dans le cinéma de genre. Thriller politique dont l’action se déroule dans un Prague à l’époque sous le joug communiste, Malastrana est construit sur un scénario original (entièrement écrit par Lado lui-même) qui retrace l’histoire d’un homme retrouvé dans un état comateux proche de la mort et qui va tenter de se souvenir des faits l’ayant amené dans cette situation.

Au-delà des aspects mystérieux et de la reconstitution de l’intrigue ayant abouti à la quasi-mort de cet homme, Malastrana recouvre une critique en force de la main mise de la dictature communiste sur les pays est européens. Dès son premier film, Lado fait preuve d’une audace étonnante et marque sa différence par rapport aux réalisateurs habituels du genre. Il est probablement l’un des rares à donner un sens politique à tous ses films derrière des atours d’exploitation et son Malastrana en est probablement un des meilleurs exemples et l’un des plus virulents. 

Contrairement à ses œuvres suivantes qui s’attaqueront essentiellement à une frange de la société italienne (en l’occurrence la bourgeoisie), Lado vise ici directement un régime politique et fait preuve de courage en le mettant en pratique à une époque chargée en la matière et en situant son action dans une ville au cœur de la répression.

Il en ressort un film pessimiste, sombre, au sein duquel la répression écrase sans vergogne les tentatives de liberté, incarnées ici par le couple Jean Sorel – Barbara Bach.

Pour ses débuts en tant que réalisateur principal, Lado fait déjà preuve d’une certaine maturité et d’un sens narratif intéressant avec le procédé du flash back (même si maintes fois utilisé depuis). Toutefois, les défauts (certains diront les qualités) de Lado apparaissent également dès ce film avec notamment une vision parfois très caricaturale de la société. Si le réalisateur a le mérite de frapper fort dans sa critique, il le fait néanmoins de façon souvent outrancière et schématique. La haute société (cible récurrente de Lado) est ici décrite comme momifiée, perverse (cf la scène finale et son mélange de symboliques magie noire) et obsédée par le pouvoir. Même pour le début des années 70, la vision aurait méritée d’être plus modérée et y aurait gagné en crédibilité. De la même façon, les métaphores des papillons qui ne peuvent pas voler pour décrire l’oppression est utilisée de façon assez lourde et répétitive.

Malastrana donne finalement un aperçu de ce qu’allait être la carrière d’Aldo Lado avec ses forces (un cinéma original, travaillé et sensé) et ses faiblesses (des charges parfois un peu lourdes et caricaturales). Si ces points de vue sont parfois contestables, le bonhomme a néanmoins le mérite d’assumer ses idées et même de continuer à les revendiquer plusieurs années après. Ses films eux sont des passages incontournables du cinéma de genre et créent souvent polémique et débat, signe de leur vitalité et de leur profondeur même 30 ans après.

Sans être décisif dans la qualité du film, le casting est relativement classique mais colle parfaitement aux caractères. Jean Sorel est toujours aussi sobre et impeccable, Barbara Bach joue un personnage finalement peu présent et Ingrid Thulin assure le minimum. À noter la présence de l’excellent Mario Adorf qui comme d’habitude impose son charisme même dans un rôle plus effacé.

 

Néo Publishing réalise un travail remarquable avec l’œuvre de Lado puisqu’après une édition déjà excellente du Dernier Train de la Nuit, l’éditeur français nous gratifie d’un DVD très riche avec commentaire audio et interview du réalisateur et un entretien avec le trop rare Jean Sorel, des suppléments qui redonnent au mot bonus tout son sens. Inutile de préciser que, comme d’habitude, Lado s’avère être un régal à écouter tant l’homme est prolixe sur son travail et sur le cinéma en général. Parlant un français courant et modéré par l’excellent Federico Caddeo, Lado livre une nouvelle fois un commentaire passionnant sans aucun temps mort et faisant toujours preuve d’un recul impressionnant sur son travail. Le DVD présente toutefois un défaut notable sur le point audio avec une piste française quasi inaudible et qui oblige à se rabattre sur une piste anglaise passable. Une édition néanmoins à des années lumières de celles sorties aux Etats-Unis ou en Italie et qui est indispensable à tout cinéphile bis qui se respecte.   

  

                                Edition Néo Publishing              Blue Underground





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                Aldo Lado                                Barbara Bach


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