Reazione a Catena (Bay of Blood – La Baie Sanglante)

Réalisateur : Mario Bava

Casting : Claudine Auger, Luigi Pistilli, Anna Maria Rosati, Chris Avram

Année : 1971

 

Section Giallo


        





Claudine Auger


Luigi Pistilli


Anna Maria Rosati


Chris Evram







Contrairement à l’imagerie populaire qui voudrait nous faire passer Mario Bava comme un des plus grands réalisateurs du cinéma de genre mais également un des papes du giallo, il convient de moduler fortement ce jugement qui plus est après la vision de cette Baie Sanglante, giallo bien décevant et totalement surévalué.

Si Bava possède bien une qualité majeure c’est celle de prendre des risques, de varier les genres et d’y appliquer des traitements surprenants notamment à la fin de sa carrière. La Baie sanglante réalisé en 1971 entre totalement dans cette définition tant le film surprend par son traitement particulier de la mécanique du Giallo. En dépit d’un départ classique et du respect des fondamentaux (à savoir tueur mystérieux, vision subjective et crimes sauvages), le film fait rapidement preuve d’un ton déstabilisant et surtout peu approprié.

Utilisant une narration curieuse (exposition de nombreux personnages dont les liens ne seront expliqués qu’à la moitié du film), Bava déséquilibre totalement son récit le rendant tout d’abord assez incompréhensible mais lui permettant dans le même temps de conserver un mystère intéressant. La première moitié du métrage est ainsi fondée sur la mise en place de l’ensemble des protagonistes sans qu’aucune explication ne soit donnée sur les raisons de leur présence dans cette baie ni sur les liens les unissant. Si le procédé aurait pu être ingénieux et efficace, il tombe malheureusement à l’eau dès les premières explications fournies. Bava choisi en effet de divulguer rapidement l’identité de l’assassin tombant alors dans un style qui fait plus penser à un giallo semi-parodique semi-ironique au sein duquel on a bien du mal à croire. Le suspense éventé, Bava ne sait visiblement plus comment tenir encore ¾ d’heure et se met à basculer vers la caricature sans aucun rapport avec la première partie.

Le choix des personnages et l’importance qui leur est accordée sont révélateurs de ce déséquilibre, le couple « vedette » composé de Claudine Auger et Luigi Pistilli est escamoté et sous utilisé au possible pour finir par perdre toute crédibilité. À l’inverse, le film s’attarde beaucoup trop longuement sur des caractères secondaires à des fins totalement inutiles.

L’histoire entamée comme un vrai giallo perd rapidement le fil de son récit, devient totalement décousue, ne trouve pas le ton juste et n’arrive jamais à capter le spectateur. Ne sachant jamais sur quel pied danser (s’agit-il vraiment d’une parodie ? le film est il tout simplement bâclé ? le scénario pas assez travaillé ?), Bava termine son film par une scène dont là encore on ne saura jamais si elle se voulait sérieuse.

Le gâchis constaté est d’autant plus dommage que le matériel de base permettait sans doute d’offrir un produit très respectable mais à vouloir trop sortir des entiers battus, Bava a fini par rendre le film totalement inoffensif.

Coté distribution, si Luigi Pistilli n’est jamais dans le ton (mais comment lui en vouloir ?), La sublime Claudine Auger donne l’impression d’être venue cachetonnée tant son rôle (pourtant crucial) est effacé, preuve irréfutable que les choix opérés dans le récit n’étaient pas les bons. Le couple Chris Avram – Anna Maria Rosati souffre des mêmes maux donnant de prime abord l’impression d’être le chainon principal de l’histoire avant de disparaître dans les limbes du scénario.

Le potentiel offert par l’unité de lieu, que Bava avait pourtant su exploiter dans 5 bambole per la luna d’agosto, est là aussi complètement oublié réussissant même l’exploit de rendre cette fameuse baie totalement insipide alors qu’elle était censée constituer un des éléments clés du climax.

Si Bava bénéficie d’une réputation souvent flatteuse, celle-ci est malheureusement souvent surfaite et surtout liée à ses réalisations dans les années 60 où le réalisateur restait dans des canevas assez classiques. Sa recherche d’originalité qui a suivi cette période, si elle a parfois porté ses fruits avec notamment l’excellent Quante Volte Quella Notte, n’a pas produit que des réussites en témoigne cette Baie Sanglante, qui n’est au final qu’un film bancal passant à coté de son sujet.

 

A film minimaliste, édition minimaliste. L’éditeur Evidis, spécialisé dans le western bis, a sorti en France une édition vierge de tout bonus. Ce qui en apparence ne semble pas gênant aurait peut être permis de trouver quelques explications à un tel ratage par le biais d’un commentaire audio par exemple. Anchor Bay dans sa collection Mario Bava propose justement un commentaire du spécialiste Tim Lucas alors qu’en Italie, Raro Video a sorti un produit similaire au français avec simplement un documentaire supplémentaire. Notons que ces éditions, tout comme les affiches ou jaquettes de VHS dont le film fut gratifié, présentent toutes des illustrations plus chatoyantes les unes que les autres et dont la particularité est de n’avoir aucun lien avec le contenu du métrage (vous ne verrez donc jamais dans ce film de rasoir caressant l’entrecuisse d’une donzelle en petite tenue, ni de hachoir sortant mystérieusement de l’eau…).

     

                                                     Mario Bava Collection                   Raro Video                                             Evidis




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