Le cinema bis a ceci de particulier qu’il ne glorifie pas forcément ses plus beaux fleurons et laisse dans l’oubli des pièces pourtant intéressantes. 5 Bambole… entre dans la première catégorie et fait partie de ces films probablement les plus connus ou mis en avant dans la série des Giallo alors qu’il n’est en fait qu’une œuvre mineure voire très décevante au regard de la riche histoire du genre. 

Bénéficiant d’un potentiel en or avec tous les ingrédients nécessaires à un giallo massif, 5 Bambole… laisse une désagréable impression de baclage tant Bava n’exploite que peu le matériel dont il dispose. Le potentiel érotique des actrices n’est quasiment jamais exploité à l’exception d’Edwige Fenech (mention spéciale à Ira Von Furstenberg dont le rôle et le physique auraient pu donner quelque chose de beaucoup plus explosif et dont la présence ne semble être justifiée que par son nom). Le décor habile de l’île paradisiaque sur laquelle se retrouvent isolés un groupe de personnes n’est là aussi que prétexte à de jolies prises de vue et Bava n’exploite le concept du huit clos dans la villa qu’à de rares moments. Les seules satisfactions viendront du casting masculin constitué de gueules habituées du genre. On reconnaitra dans le lot Howard Ross, célèbre pour une scène atomique avec Alexandra Delli Colli dans l’éventreur de New York. Pour l’anecdote, la jeune fille mystérieuse qui erre sur la plage est jouée par Ely Galeani qui finira par des rôles moins innocents dans des softs de d’Amato.

La plus grande déception tient néanmoins au déroulement des meurtres. Commis hors champ pour la plupart d’entre eux, ils contribuent au manque d’accroche général qui se dégage. Si le film laisse un sentiment précis c’est bien celui d’être bâclé avec un objectif qui semble être de parvenir le plus vite possible à réduire le nombre de protagonistes au minimum. Le déroulement des faits ne permet à aucun moment de véritablement entrer dans l’histoire et surtout de s’intéresser aux personnages et aux mécanismes qui les lient entre eux. Tombant dans le piège tendu par l’abondance de protagonistes où chacun à de l’importance, le film ne devient finalement qu’un jeu dont le seul intérêt est de connaître le dernier survivant. Sur ce point et sans révéler quoi que ce soit, la conclusion est à la hauteur du reste : décevante et vite torchée.    

Le problème maintes fois évoqué de la réécriture du scénario d’origine par Bava n’a sans doute pas contribué à arranger l’affaire, le réalisateur a en fait transformé une trame simplement policière en un simili giallo mais dont les attraits habituels ont été escamotés. Conséquence, l’affiche met l’eau à la bouche alors que le film déçoit fortement.

On a beaucoup reproché à la belle Edwige Fenech de jouer en grande partie sur ses formes et peu sur son talent, chose vraie mais il faut lui reconnaître que dans un cas comme celui qui nous intéresse ici, on est bien content de l’avoir. Elle est la seule à exploiter un tant soit peu le potentiel de son rôle et apporte cette petite touche d’outrance qui fait la marque du giallo et qui manque tant à ce 5 Bambole.

Un film qui est donc, contrairement aux idées reçues, totalement mineur dans la filmographie de Mario Bava et duquel il ne restera finalement que quelques scènes graphiques (le générique d’ouverture, le lit tournant, les bikinis d’Edwige et le regard d’Ira V.Furstenberg). La vie d’amateur de bis est faite de déception.      

Les editions DVD fleurissent pour ces filles d’une chaude nuit d’été mais demeurent aussi pauvres l’une que l’autre en bonus. Pour les français, l’édition Mad Movies (avec des défauts d’image parfois comaques) a le mérite de faire exister le film chez nous sou le titre l'île de l'épouvante mais commence à devenir difficilement trouvable.

Aux US, comme pour beaucoup de Bava, une édition Image Entertainement et une Anchor Bay

   
Dans l'ordre : Edition MadMovies, Edition US et Edition Italienne